Le silence emplissait mon être. Je ne pensais plus à rien, sauf les sensations qui se déroulaient autour de moi. La fraicheur de la neige sous mes pattes, le vent qui sifflait dans mes oreilles et qui effleurait doucement mon pelage, l’air froid qui s’engouffrait dans mes poumons, les battements lents et réguliers de mon cœur. Les montagnes étaient un endroit si paisible, éloigné. La nature y régnait en maître et les Hommes le savaient; ils se tenaient loin de ses parties hostiles de ces terres.
J’ouvrais les yeux, fixant le tapis blanc qui s’étendait à perte de vue, accompagné de d’autres montagnes. Le vide se tenait devant moi; n’importe quel homme qui chuterait en bas de cette falaise mourrait, mais je n’en tenais pas rigueur. Voler pour moi était une seconde nature et la sensation de tomber n’était qu’un amusement.
Soudainement, une sensation intense surgit de nulle part. Un feu brûlant. Une énergie dévorante, menaçant de tout consommer. Je la reconnaîtrais entre toute. Mais je ressentais aussi un danger. Un seul nom était dans ma tête alors que je pris mon envol sans tarder.
Je volais haut, à travers les nuages le plus vite que je pouvais. Mon sixième sens me disait que quelque chose de grave allait arriver et je sentais l’urgence d’intervenir, même si je m’étais promis de ne jamais le faire. La situation le demandait; je ne voulais pas refaire une deuxième fois la même erreur. Je me concentrai pour trouver la source. Elle était floue au début, mais plus je m’y approchais, plus elle devint claire; Ironspike Mountains.
Le brouillard et les nuages devinrent trop denses et je dus amorcer une descente. De loin, je vis une silhouette se découper; c’était celle d’un cheval. Pourquoi était-elle venue si loin? Je suivis le chemin laissé par ses pas, qui commençaient à s’effacer à cause du vent et de la neige. Je dus me résoudre à y aller à pieds puisque la forêt était beaucoup trop dense pour que j’y voie quoique ce soit des airs. Je courrais rapidement, à un point qu’on aurait dit que mes pattes ne touchaient plus le sol.
Un rugissement. Le tintement d’armes. L’odeur du sang. L’énergie était à son apogée. J’étais prêt. Plusieurs hommes, une quinzaine, entourait celle que je recherchais, sous sa forme de dragon. Ils venaient des montagnes, leurs vêtements ne faisaient aucun doute là-dessus. Je me tapis dans l’ombre, fixant la scène. Ils comptaient la tuer, aucun doute là-dessus. Quelle mauvaise idée avait-il eu.
Je sentis la faim revenir, mon sang bouillir d’impatience; la simple pensée de tous les égorger et me régaler de leur énergie était si merveilleuse. La fumée noirâtre autour de moi commença à se dégager de mon corps, s’intensifiant. Les feuilles des arbres aux alentours se mirent à dépérir, les troncs à pourrir. La nature se tut littéralement devant ma présence, l’atmosphère devint soudainement pesante. Je poussai un puissant grondement avant de surgir subitement d’entre les arbres, la gueule grande ouverte et sautant sur le premier venu. Je lui ouvris le cou, le liquide chaud se rependant sur la neige alors que la vie le quittait. J’aspirais sans tarder cette énergie vitale qui le quittait.
J’ouvris grand mes ailes alors qu’ils s’étaient tous retournés vers moi, enfonçant mes griffes dans le sol et poussant un puissant rugissement qu’on s’attendait plus à sortir d’un dragon que de moi. Voyant un archer du coin de l’œil qui allait tirer, je fis un bond prodigieux grâce à la propulsion de mes ailes et j’atterris derrière lui, avant de le plaquer au sol et de lui enfoncer mes griffes profondément dans le crâne, sous ses plaintes douloureuses.
Telle une furie déchaînée, je me jetais sur le suivant, le mordant par le bras et le soulevant à des mètres du sol avant de le laisser retomber; chute fatale. Ses pauvres os se brisèrent en miettes lorsqu’il atteint le sol. Je me reposais au sol et ils me prirent d’assaut; j’encaissais sans problème leurs coups, tuant les plus forts au début.
Ceux restants, les plus faibles, décidèrent de prendre la fuite, je les laissais à leur sort. Ils en avaient déjà assez sur l’esprit qu’il ne faisait aucun doute qu’ils allaient être marqués jusqu’à la fin de leur misérable existence.
J’en vis un ramper au sol, qui essayait de fuir. Je m’approchais lentement de lui, le retournant d’un revers de patte une fois à sa hauteur.
-Pitié, je vous en supplie…
Je le fixais avant de lui dire;
-Auriez-vous eu la même pitié pour elle?Son visage se décomposa, l’horreur le frappa; sa mort était inévitable. Je l’achevais sans tarder. Ces barbares n’ont aucune pitié; je n’en aurais pas plus à leur égard.
Je pris une grande inspiration; je repris contrôle sur moi-même, enterrant la voix de l’esprit insatiable au fond de ma tête. La fumée noire se dissipa lentement autour de moi.
Son regard, me fixant. J’étais dos à elle. Toute sa vie, je l’avais protégé, j’avais été à ses côtés. Elle était beaucoup plus…réceptive à l’énergie que je dégageais et je n’avais aucun doute qu’elle l’avait ressenti à maintes reprises au cours de sa vie. J’étais devant elle et fuir n’était pas une option. Elle rencontrera enfin celui qui a changé son destin funeste de mourir alors qu’elle n’était qu'un bébé. Allait-elle me reconnaître? Là était la question.
Je me retournai, marchant lentement vers elle, m’arrêtant à une distance respectable. J’inclinais la tête respectueusement avant de la fixer dans les yeux.
-Kyra… - HRP:
J'ai remarqué dans mon MP un peu plus tard que j'ai écris ''ascendance'' au lieu de ''descendance'' *facepalm* Juste pour pointer l'erreur d'emploi de mot que j'ai faite.